Parmi les préoccupations des établissements sanitaires et médico-sociaux se trouve la gestion des déchets. Ces derniers sont pris en compte de façon plus importante ces dernières années par les politiques publiques et ont fait l’objet de nouvelles réglementations.
Que ce soit pour suivre ces réglementations, réduire l’impact environnemental ou limiter les risques sur la santé, il est désormais primordial de mesurer la gestion des déchets pour les établissements médico-sociaux et de mettre en place des actions d’amélioration.
Les spécificités de la gestion des déchets pour le secteur médico-social
Quelques chiffres sur les déchets dans le secteur médico-social
Pourquoi trier correctement et réduire la quantité de déchets ?
Quelles solutions pour réduire et améliorer la gestion des déchets ?
La Semaine Européenne de Réduction des Déchets : des initiatives inspirantes
Les spécificités de la gestion des déchets pour le secteur médico-social
Dans le secteur médico-social, et plus particulièrement pour les activités de soins, deux grandes catégories de déchets sont à distinguer : les DAOM et les DASRI.
Les DAOM sont des déchets assimilés aux ordures ménagères, tandis que les DASRI sont les déchets d’activités de soins à risque infectieux.
DAOM | DASRI |
Papier, cartons, déchets alimentaires, emballages, verre, matériel de protection et de soin non contaminé (blouse à usage unique, gants, masques, compresses, pansements)… | Matériel souillé, matériel piquant / coupant / tranchant (aiguilles, ciseau, lames), matériel de protection et de soin contaminé… |
Poubelle de tri ou poubelle d’ordures ménagères. | Sac en plastique, caisse en carton avec sac intérieur, collecteurs spécifiques… En fonction du type de déchet (solide, mou, liquide, tranchant). |
Il faut être vigilant quant à l'utilisation des équipements médicaux, tels que les blouses. Ils sont considérés comme des DAOM, à moins qu’ils n’aient été utilisés sur des patients infectés, à ce moment-là ce sont des DASRI.
L’élimination des déchets d’activité de soins est réglementée, elle doit être réalisée par l’établissement producteur, la personne pour laquelle ces déchets sont produits, ou encore à la personne qui produit ces déchets dans le cadre de sa profession.
Lorsque l’on parle d’élimination, cela regroupe l’ensemble des étapes par lesquelles passent les déchets : tri, collecte, transport...
Les normes et les réglementations autour de la production et de la gestion des déchets évoluent constamment. On retrouve notamment la loi de l’agriculture et de l’alimentation (EGAlim), qui comporte 69 articles et instaure des règles importantes autour de la restauration collective. Parmi les objectifs de cette loi se trouvent l’obligation de rendre publics les engagements en faveur de la lutte contre le gaspillage alimentaire, l’interdiction des touillettes et des pailles en plastique ou encore, la généralisation des dons d’invendus…
Quelques chiffres sur les déchets dans le secteur médico-social…
En 2010, les établissements sanitaires et médico-sociaux produisaient environ 700 000 tonnes de déchets par an, soit 3,5% de la production totale de déchets en France.
Ce sont en moyenne environ une tonne de déchets qui sont produits par lit chaque année.
27% des ESMS sont engagés dans une démarche de valorisation des déchets, de formation et de sensibilisation du personnel.
Les établissements médico-sociaux ont mis en place en moyenne 7 filières de tri de déchets non dangereux et dangereux, contre 11 pour les établissements du secteur sanitaire.
Les eaux usées font également partie des déchets produits par les établissements sanitaires et médico-sociaux. En effet, les établissements de santé ont de fortes consommations d’eau, on compte en moyenne entre 400 et 2 000 litres d’eau par lit et par jour.
Pourquoi trier correctement et réduire la quantité de déchets dans un établissement médico-social ?
L'élément le plus important est de veiller à la sécurité du personnel et des personnes accueillies, ainsi qu’à celle des personnes en charge des déchets par la suite, car l’exposition aux risques peut survenir aux différentes étapes de la vie du déchets. Il faut être vigilant sur l’hygiène et sur les risques que peuvent présenter les déchets sur la santé, et bien distinguer les déchets DAOM des déchets dangereux.
Réduire les déchets et les trier correctement, c’est aussi diminuer l’impact environnemental et agir de façon plus durable. Pour les DASRI particulièrement, il s’agit de s’assurer que les substances toxiques soient évacuées correctement.
Enfin, diminuer la quantité de déchets et assurer leur bon tri permet de suivre les normes et la réglementation, et peut également avoir un impact sur les coûts !
Quelles solutions pour réduire et améliorer la gestion des déchets ?
Il existe énormément de solutions variées que ce soit pour agir, que ce soit pour les réduire ou améliorer leur gestion une fois qu’ils sont produits.
Voici quelques idées qui peuvent aider dans cette démarche, ainsi que des outils pour évaluer la gestion des déchets de votre établissement. Mesurer peut être un premier pas pour prendre conscience de leur importance afin de pouvoir mettre en place des actions par la suite.
Réfléchir avant l’achat
Intégrez la durée de vie des objets dans vos critères d’achats ! Plus ils durent longtemps, moins la quantité de déchets produite par votre établissement sera importante.
Le site internet Longue vie aux objets propose des outils et des conseils pour acheter de façon plus durable et allonger la durée de vie des objets.
Parmi les solutions proposées figure l’indice de réparabilité, initiative de Spareka. Il concerne les appareils tels que les ordinateurs, et indique leur degré de réparabilité : plus il sera élevé, plus la durée de vie de votre appareil le sera aussi.
Car selon Spareka, en France en 2020, le taux d’appareils électriques et électroniques réparé était de seulement 40%.
Vous pouvez désormais retrouver l’indice sur tous les produits, car il est obligatoire depuis 2021 dans le cadre de la loi anti gaspillage.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter cet article de l’Ademe qui indique comment l’indice est calculé et présente les appareils les plus intéressants.
Le programme LOOP Santé, lancé par ADI N-A et menée en coordination avec l'Ademe, ALLIS N-A, l'ARS et la Région Nouvelle-Aquitaine, est à destination de tous les acteurs régionaux de la filière santé. Ce programme est axé autour de 7 actions :
Comment réduire l'impact environnemental des matériaux utilisés dans les produits de santé fabriqués en Nouvelle-Aquitaine ?
Comment valoriser le produit de santé en fin de vie ?
Comment repenser le produit de santé jetable/à usage unique ?
Comment éco-concevoir un produit de santé ?
Comment éco-concevoir les aides techniques ?
Comment acheter des produits de santé durables et responsables ?
Comment veiller à la santé environnementale ?
Ce programme mobilise près de 80 acteurs de la région Nouvelle-Aquitaine !
Santé-achat.info met en avant un certain nombre d'initiatives durables dans le secteur de la santé.
Former le personnel
Trier correctement l’ensemble des déchets commence par la sensibilisation et la formation de l’ensemble des acteurs les produisant.
Il faut ensuite se donner la possibilité de trier les déchets correctement, en mettant en place des poubelles pour chaque type de déchet.
Diminuer le gaspillage alimentaire
Dans le secteur médico-social en France, environ 166 grammes de déchets alimentaires sont produits par repas. C’est environ 32 grammes de plus qu’au sein des établissements scolaires.
Sur le site internet Manger durablement, vous pourrez retrouver Restogaspi, un simulateur de gaspillage alimentaire pour la restauration collective.
Le compostage peut être une solution pour réduire la quantité de déchets destinés à la poubelle : fruits et légumes, épluchures, coquilles d’œufs, morceaux de pain… Créer un compost permet de recycler les déchets organiques de façon plus responsable, de faire des économies grâce à sa réutilisation et éventuellement de créer un projet collectif impliquant plusieurs acteurs de l’établissement. Pour apprendre comment créer un compost et trouver un site de compostage proche de votre établissement, vous pouvez consulter cet article créé par Valodéa qui traite de compostage partagé et en établissement.
Offrir une seconde vie au mobilier
Pour faire une demande de collecte de mobilier, vous pouvez passer par le site Valdelia. Il s’occupe de trouver le point de collecte le plus proche de votre établissement, et propose également un service de collecte des encombrants professionnels si l’établissement n’est pas en capacité de s’occuper du transport.
Après la collecte, le mobilier peut connaître une seconde vie : don à des entreprises de l’économie sociale et solidaire, réparé et réutilisé, transformé et utilisé pour créer du mobilier neuf… Ce qui permet d’allonger la durée de vie des objets. Un objet qui ne sert plus au sein de votre établissement peut être utile ailleurs !
C’est avec les mêmes objectifs que le CHU de Toulouse a lancé sa propre plateforme Leboncoin en octobre 2020. Le principe est simple : s’échanger du matériel et du mobilier à l’intérieur de l’établissement. Une idée qui a fait ses preuves : en septembre 2022, le CHU annonce que près de 900 équipements ont été échangés. Ce qui équivaut à 100 tonnes de CO2 économisées !
Des solutions pour chaque type de déchet
Piles, ampoules, cartouches d’imprimantes, bouchons plastiques, huiles alimentaires, masques, savons, radios médicales… Ce sont tout autant de déchets qui peuvent être collectés !
Que ce soit par une entreprise, la collecte gratuite d’une organisation, ou encore en les apportant en supermarché, en déchetterie ou dans un magasin spécialisé. Les objets peuvent ensuite être valorisés : réutilisés, recyclés ou transformés pour obtenir des matériaux réutilisables ou de l’énergie.
Pour plus d’informations, vous pouvez visiter le site Take a Waste, qui dispose de ressources sur cette thématique et accompagne les établissements de santé dans leur démarche de réduction des déchets : tarif des prestations de collecte des déchets, respect de la réglementation…
Via ce site internet vous pouvez retrouver Zéro déchets, un outil qui attribue un score à votre établissement à partir de 14 questions portant sur “habitudes” : utilisation d’objets en plastique à usage unique, vaisselle réutilisable, don des invendus alimentaires… Le site internet propose d’obtenir un diagnostic déchets personnalisé avec un plan d’action par la suite.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter Guide "Pour une bonne gestion des déchets produits par les établissements de santé et médico-sociaux".
La Semaine Européenne de Réduction des Déchets : des initiatives inspirantes
Chaque année a lieu la Semaine européenne de réduction des déchets, initiée par l’Ademe. Lors de cette semaine spéciale, chacun est invité à participer (entreprise, organisation ou participation individuelle) en mettant en place une action qui vise à lutter contre les répercussions de la quantité importante de déchets produite au quotidien.
Lors de l’édition 2019, la Mutualité Française de Haute Saône s’est associé à APF France Handicap et à la ressourcerie Res’urgences afin de remettre en œuvre du matériel pour lui donner une seconde vie. Ce sont par exemple des fauteuils roulants qui ont pu être réparés pour éviter de devenir des déchets. Les pièces de matériel non réparable ont été utilisées comme pièces détachées ou valorisées.
Le projet a été utile pour les personnes en situation de handicap qui avaient besoin de matériel de dépannage ou qui n’avaient pas les moyens d’acheter du matériel neuf.
Ce fonctionnement sous forme de système d’économie circulaire peut être une solution pour les établissements médico-sociaux qui disposent de matériel ou qui en recherche à des coûts moins élevés.
En 2018, le CHU de Clermont-Ferrand avait organisé des animations de sensibilisation autour de la réduction, la réutilisation et le recyclage des déchets destinées au personnel, patients et visiteurs. Plusieurs associations et entreprises sont intervenues dans ce projet : Ligue contre le cancer sur le recyclage des cartouches d’encre d’imprimante, Ino recyclage sur le recyclage des documents papiers confidentiels, la Maison des parents sur le surplus de production de repas… Le projet a donné lieu à la mise en place de filières de tri qui ont permis de recycler plusieurs sortes de déchets et en 9 mois 8 000 repas ont été donnés gratuitement à la Maison des Parents, au lieu de terminer à la poubelle.
Pour découvrir d’autres initiatives inspirantes, vous pouvez vous rendre sur le site internet de la Semaine européenne de réduction des déchets, qui recense les lauréats des éditions précédentes et offre des idées originales à réutiliser !