Le secteur de la santé représente 8% des émissions totales de CO2 de la France. Le transport seul représente 16% des émissions de CO2 du secteur. Face à cette problématique majeure, le verdissement des parcs de véhicules est devenu un enjeu important pour les établissements et les transporteurs du secteur médico-social.
Retrouvez les témoignages de François-Xavier Dugué, directeur flotte de véhicules chez Titi Floris, Antoine Delbecque, Directeur général d’Handynamic et Geovanny Osorio, Directeur général de Nomad. Vous trouverez dans ce webinaire diffusé le jeudi 8 février 2024, tout ce qu’il faut savoir sur le verdissement et l’électrification de sa flotte de véhicules !
Si vous êtes un établissement médico-social ou un transporteur, ce webinaire et cet article vous seront d’une aide cruciale !
Comment réussir l’électrification de sa flotte de véhicules ?
Enjeux environnementaux et contexte légal : tout ce que vous devez savoir
Les enjeux environnementaux sont aujourd’hui connus de tous. Cette prise de conscience s'étend tant au niveau du réchauffement climatique qu'à celui de la santé publique. Le secteur du transport est un des principaux contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre, représentant jusqu'à 30% des émissions globales. En France, le domaine de la santé n'est pas en reste, contribuant à hauteur de 8% aux émissions totales de CO2, dont le seul transport génère 16% des émissions du secteur.
Parallèlement, les effets néfastes de la pollution de l'air sur la santé sont également largement connus. Les maladies respiratoires telles que l'asthme et les troubles cardiovasculaires comme l'arythmie peuvent être aggravés, voire causés, par la pollution atmosphérique. À cela s'ajoutent les nuisances sonores, également reconnues comme un problème de santé publique majeur, touchant jusqu'à 20% des citoyens européens, exposés à des niveaux de bruit potentiellement dangereux pour leur santé.
Le contexte légal, quant à lui, est marqué par une grande mesure : la Loi d’Orientation des mobilités, dite Loi LOM ayant pour objectif d’interdire la vente de véhicules thermiques (neufs et occasions) à partir de 2040. L’Europe semble à accélérer le processus et vise une interdiction totale de la vente de véhicules thermiques d’ici 2035.
La loi LOM pousse également les établissements médico-sociaux et transporteurs à renouveler leur flotte de véhicules. Antoine Delbecque, PDG d’Handynamic, précise alors que cette loi va se déployer petit à petit et ainsi imposer aux structures d’avoir une part grandissante de véhicules propres dans le renouvellement de leur flotte. C’est une ambition qui débute dès l’année 2024, les structures se devant de respecter les mesures imposées par la loi.
L’une des principales mesures de cette loi est la mise en œuvre de Zones à Faibles Emissions (ZFE) c'est-à-dire des zones dans lesquelles la circulation des véhicules les plus polluants est restreinte. Deux exemples ont été pris, celui de la Métropole de Lyon (voir carte ci-dessous) et la métropole de Nantes, moindrement touchée par la mesure puisqu’elle ne sera concernée qu’à partir de 2025 et seulement pour un Crit’Air 5, autrement dit le moins contraignant.
Comment électrifier sa flotte de véhicules ?
La stratégie d'électrification se décompose en 6 étapes : l’état des lieux du parc de véhicules existant, l’étude des besoins, la sélection et le déploiement des équipements, l’analyse du marché, la sélection des fournisseurs et la mise en œuvre.
Étape 1 : l’état des lieux qui nécessite un inventaire et une analyse du parc véhicules, ainsi que l'obsolescence et le kilométrage de celui-ci. Par exemple, la gestion des places associées aux bornes peut présenter des difficultés organisationnelles dans les établissements (manque de places de parking, rotation sur ces places, réservation des places…).
Étape 2 : l’étude des besoins qui implique l’optimisation des tournées, notamment par la mutualisation et l’analyse de la cartographie et des types de trajet.
Étape 3 : la sélection et le déploiement des véhicules et des bornes les plus adaptés puis, le choix entre l’internalisation ou l’externalisation de la gestion des bornes. Un facteur important doit être pris en considération lors de cette étape : l’éloignement par rapport à la source électrique pouvant amener à modifier l'emplacement des bornes initialement prévu.
Étape 4 : l’analyse du marché qui nécessite l’étude des centres d’offres et des marchés locaux, en coût complet, tout en s’assurant de la fiabilité du plan de financement de la flotte.
Étape 5 : la sélection des fournisseurs via une consultation directe ou par la mise à disposition d’un marché en centrale d’achats.
Étape 6 : la mise en œuvre avec le déploiement des bornes, les commandes de véhicules, la mise en place de la gestion du parc et l’accompagnement à la conduite électrique.
François-Xavier Dugué explique l’importance de sensibiliser à l’électrification car peu de personnes ont réellement conscience des enjeux et des conséquences sur le secteur de l’automobile. Titi Floris apporte aux ESMS son expertise de l’automobile pour simplifier la gestion de flottes et ainsi leur proposer des équipements adaptés et les accompagner à la mise en place d’équipements IRVE, les infrastructures de recharges pour véhicules électriques, allant de la simple prise, aux bornes de recharge adaptées selon les puissances énergétiques nécessaires.
L’électrique peut faire peur pour 2 raisons : l’autonomie et la recharge. Antoine Delbecque précise alors que le déploiement des bornes publiques a explosé ces dernières années : sur les grands axes, dans les centres commerciaux, dans des parkings divers et variés… Disposer d’une borne dans son centre ou sur son parking est aussi un vrai plus. Cependant, de plus en plus de solutions publiques existent aujourd’hui, dès lors les craintes liées à la recharge ou à l’autonomie peuvent être écartées.
Il existe également des solutions numériques pour faciliter les itinérances telles que des applications mobiles comme Charge Maps qui regroupe la cartographie de toutes les bornes de recharge sur le territoire (type de borne et la puissance énergétique délivrée) et également le site internet Automobile Propre qui propose un simulateur de temps de recharge en fonction du type de véhicule.
Enfin, concernant la mise en œuvre de la stratégie de verdissement, Antoine Delbecque précise que son métier est de conseiller les clients en fonction de leurs contraintes quotidiennes en analysant leur temps de parcours, les trajets exceptionnels qui peuvent être effectués afin de voir si un véhicule électrique pourrait convenir et être adapté aux contraintes partagées.
Électrique vs thermique : quelle est la solution la plus rentable ?
Un cas réel a été utilisé afin d’évaluer si une flotte 100% électrique était plus avantageuse qu’une flotte 100% thermique, et également pour voir si une flotte mixte pouvait être une alternative pertinente.
Grâce au logiciel Nomad, les tournées d’un établissement de type IME accueillant 71 usagers ont été optimisées pour passer de 12 tournées avec 12 véhicules, à 10 tournées. C’est ce scénario qui a permis d’obtenir les résultats présentés dans le tableau ci-dessous.
Pour réaliser ces calculs, divers coûts ont été pris en compte :
Le prix d’achat ;
Le malus et bonus écologique ;
Le coût de l’amortissement du véhicule (calculé sur 5 ans) ;
Les coûts d’assurance et d’entretien ;
Le coût fixe horaire du véhicule qui renvoie au salaire des chauffeurs ;
Et enfin, le coût au kilomètre qui correspond (consommation moyenne du véhicule et coût du carburant).
La question d’un changement complet d’une flotte de véhicules, passant du thermique à l’électrique, s’est posée. Conscients de la difficulté du processus, un scénario supplémentaire a été envisagé par notre équipe : celui d’une flotte de véhicules mixtes. Le résultat permet finalement de voir que l’alternative d’une flotte mixte, pouvant servir de transition progressive à une flotte 100% électrique, est pertinente et toujours plus rentable et écologique qu’une flotte de véhicules 100% thermique.
Lors du passage du thermique à l’électrique, certains coûts sont à prendre en considération. Tout d’abord, le coût d’achat du véhicule électrique sera plus élevé que celui d’un véhicule thermique. En effet, un véhicule thermique aura un coût d’achat moindre mais sera plus onéreux à l’usage puisque le coût du carburant, au kilomètre, est environ 3 fois plus cher que l’électricité nécessaire à la recharge d’un véhicule électrique. Également, au niveau de l’entretien et des assurances, un véhicule électrique coûtera moins cher dans la mesure où l’entretien d’un moteur thermique est plus complexe. De plus, le prix des véhicules électriques connaît une tendance à la baisse, du fait de l’accélération de leur production et de leur commercialisation en France.
Nous avons également réalisé un calcul comparant la rentabilité d’un véhicule thermique par rapport à un véhicule électrique. Nous constatons alors que le véhicule thermique coûte moins cher à l’achat, mais qu’à partir de la 4ème année, le véhicule électrique devient rentable face au véhicule thermique (attention, ce calcul n’est pas une généralité, la rentabilité peut varier selon le type de véhicule choisi).
Exemple : Renault Master TPMR L2H2 Triflex SimplyAccess vs ⚡️Ford E-Transit L3H3 TPMR Triflex Easy
Une approche pragmatique a été adoptée pour réaliser l’ensemble de ces calculs. Nous avons utilisé le cas réel d’un IME de Loire-Atlantique pour lequel 71 usagers doivent être transportés durant la semaine.
Le premier critère utilisé a été le temps de trajet maximal de chaque usager. Ce critère correspond au temps maximum que les usagers peuvent passer dans les transports par tournée. Nous avons ensuite listé l’ensemble des véhicules disponibles pour réaliser les tournées de ramassage. Initialement à 12 tournées et avec les critères de qualité conservés, l’optimisation a permis de réduire le nombre de tournées à 10. En effet, l’optimisation des circuits de ramassage, réalisée grâce à Nomad, permet à la fois de réduire le nombre de tournées et de favoriser la transition énergétique en permettant aux établissements d’avoir une vue d’ensemble des coûts engendrés par l’utilisation de véhicules électriques.
Les véhicules sont-ils adaptés aux gros rouleurs ?
Dans l’inconscient collectif, l’électrique n’est pas adapté aux « gros rouleurs ». Cependant, dans l’utilisation professionnelle et malgré les contraintes d’autonomie et de recharge, plus des trajets sont effectués plus l’électrique devient intéressant : d’un point de vue financier, écologique mais aussi d’un point de vue du confort de l’utilisateur car un véhicule électrique fait moins de bruit, a plus de reprise et son insertion dans la circulation est facilitée, ce qui est notamment le cas pour les mini-bus.
Par exemple, la SCOP Titi Floris compte actuellement plus de 200 véhicules électriques dans sa flotte. De plus, le plan d’investissement de 2024 ayant déjà été engagé, celui-ci dépasse largement les quotas imposés par la loi LOM. Ce qui prouve donc que la question de la rentabilité et du confort des véhicules électriques est confirmée.
Quid des véhicules électriques d’occasion et de leur autonomie ?
Les véhicules électriques d’occasion commencent tout juste à faire leur apparition sur le marché, et cette tendance va s'accroître dans les prochains mois. Concernant les véhicules électriques adaptés aux personnes à mobilité réduite, ils se font plus rares. Il n’y en a que très peu en occasion à l’heure actuelle. Cependant, en terme de vieillissement de la batterie, les véhicules perdent en autonomie mais cette perte reste relativement faible. En effet, les véhicules ont un système de gestion thermique de la batterie permettant ainsi de préserver la durée de vie des cellules. De fait, un véhicule électrique perdra entre 10 et 15% de son autonomie au bout d’une dizaine d’années. La perte d’autonomie existe mais est plus faible que ce que nous pouvons l’imaginer !
Quelles sont les aides financières à l’électrification de sa flotte ?
Il existe beaucoup d’aides pour favoriser la transition énergétique : bonus écologique, prime à la conversion et pour les établissements ou transporteurs qui se situent dans des ZFE, des surprimes ZFE existent. Il existe également une subvention pour l’installation de bornes de recharge. François-Xavier Dugué précise, par exemple, que la SCOP Titi Floris met en avant auprès de leur client le dispositif Advenir pour l’aide à l’équipement de solutions de recharge.
Perspectives : des alternatives à l’électrique ?
Le secteur de l’électrique évolue très rapidement : autonomie grandissante des véhicules, développement de plus en plus important de bornes de recharge et également l’apparition de véhicules électriques plus lourds. De plus, les estimations disent que d’ici 7 ans, le prix des véhicules électriques aura diminué de 50%. Cette estimation est liée au fait que l’utilisation de l’électrique se démocratise au fil des années et que les coûts de production diminuent. Mais aussi, et surtout, parce que l'État adopte de véritables mesures visant l’interdiction des véhicules thermiques d’ici 2040.
De plus, il est possible d’observer que le gouvernement français et les constructeurs automobiles concentrent leurs efforts sur l’électrique. Néanmoins, des alternatives sont possibles. Aujourd’hui, la principale alternative à l'électrique est l’hydrogène. La plus grande difficulté est sa distribution qui n’est pas réellement homogène en France.
Ce qui est sûr, c’est que le thermique tel que nous le connaissons aujourd’hui aura disparu dans quelques années.
Si vous souhaitez accéder au replay de notre webinaire : Réussir l’électrification de sa flotte de véhicules, un lien est disponible juste en dessous ! Profitez de ce moment de partage et d’expertise à volonté !
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